Janvier 1987, Saint-Gilles.
Un petit bateau entre dans le port. Le pilote hurle et fait de grands gestes. Au fur et à mesure qu’il s’approche du quai, on comprend qu’il vient de prendre un gros poisson.
Effectivement, une énorme bête accrochée à la coque donne un peu de gîte à la frêle embarcation. Fou de joie, l’homme lève les bras au ciel, comme s’il venait de remporter la coupe du monde.
Quelques passants, intrigués par les cris et l’agitation du pêcheur, attendent au bord de l‘eau. Ceux qui sont aux premières loges, colportent les premières informations, souvent contradictoires :« C’est un marlin ! Non, un espadon ! C’est un requin ! »
Enfin, le pêcheur accoste. On s’aperçoit alors qu’il n’est pas seul à bord. Deux compagnons à plat ventre sur le pont, maintiennent le poisson et contrôlent en permanence la solidité des cordes. Ils ont tellement peur que la prise du siècle ne leur échappe.
Maintenant, ils descendent à quai. On les reçoit en héros. Des voisins, des amis, des frères se congratulent. Mais, bientôt, un problème se pose : comment décharger un requin de 200 ou 300 kg ? Et surtout, le transborder dans quel véhicule ?
Le chef prend une décision, il appelle d’une cabine téléphonique un cousin qui a une voiture. En panne. Un beau-frère. Oui, une voiture, mais une 4L…
Tant pis. Allons-y pour une 4L.
Au bout de dix minutes, la Renault arrive.
Il faut beaucoup de cordes et une quinzaine de bras vigoureux pour soulever le squale. Par petites étapes, on le hisse sur les marches, en ahanant. Lentement, l’animal entre dans la voiture mais, après tant d’efforts, toute la queue pend lamentablement sur le goudron. Quant à la tête, les yeux exorbités et la gueule ouverte appuient déjà fortement sur le pare-brise.
A présent, le propriétaire s’arrache les cheveux car les sièges sont maculés de sang malgré des journaux et des serpillières que l’on a posés un peu partout.
Que faire ? Quelqu’un va chercher une scie. On coupe au ras du pare-chocs. Pas facile : la lame est usée, le cétacé, coriace.
Peu à peu, l’euphorie cède la place à l’écoeurement, surtout chez les dames. Un à un, les badauds délaissent le spectacle. Comble de malchance, les entrailles tombent. On les ramasse dans un seau d’enfant à l’aide de petites pelles en plastique.
Epuisés, les bûcherons de la mer font une dernière tentative pour fermer le hayon. Impossible, même en poussant à trois ou quatre.
Alors, tandis que le scieur se remet à l’ouvrage, je quitte la séance avant la fin.
Ce soir et demain, il y aura du requin au poivre vert au menu des restaurants de l’île.
Et moi, je me contenterai de légumes.
JAC, le 19 avril 2012
ON REPARLE DE REQUIN LE 9 MAI 2.013 ET L'HISTOIRE DE REQUIN DU JOUR SE TERMINE TRES MAL ?
LES REQUINS ONT LEUR TERRITOIRE ,A NOUS DE NE PAS ALLER DANS DES PLATEBANDES INTERDITES ?
QUIQUINE.
Rédigé par : PAULUS PETIT JACQUELINE | 10/05/2013 à 17:52
Oh hisse !!!
Merci pour ce récit épique qui nous prouve bien que la brave 4 L était ,comme la deudeuche, une voiture à tout faire.
Au marché de Bosc le Hard, bourgade du pays de Caux, en Normandie,j'ai vu plusieurs veaux entassés dans une Renault 4 , increvable véhicule .
Quiquine .
Rédigé par : PAULUS PETIT JACQUELINE | 19/04/2012 à 18:39